Saint-Sauveur Paris
On a interviewé pour vous Anne-Sophie Jeannin, jeune céramiste à la tête d’une belle et artisanale maison fondée il y a 6 mois à peine.
Anne-Sophie, comment est née ta passion pour la céramique ?
J’ai toujours eu un intérêt particulier pour les objets et j’avais du mal à trouver de belles pièces originales et uniques à des prix abordables. Je me suis dit qu’il fallait que je développe mes propres objets. Aussi, l’envie de savoir faire quelque chose de mes mains était devenue un peu centrale. Ça m’a permis aussi de m’extirper du “random 2.0”.
Pourquoi ce nom, “Saint-Sauveur Paris” ?
C’est un high five aux souvenirs de mon enfance. Ma famille maternelle est originaire de la commune de Saint-Sauveur, en Puisaye. Saint-Sauveur Paris, c’est un pont entre la ville et la campagne. Vivre à Paris et partir régulièrement à la campagne, c’est un équilibre indispensable et c’est cohérent avec ma personnalité. La Puisaye est considérée comme une terre de potiers, cet héritage m’a convaincu dans l’idée de ne pas signer mes pièces avec mon nom, comme le font la plus part des céramistes. Aussi, j’aime bien le fait de conserver une certaine distance avec mes pièces, éviter une démarche trop sentimentale (au risque de ne plus vouloir les vendre…).
Où fabriques-tu tes pièces ?
J’ai appris la céramique et je fabrique tout à Paris dans un atelier partagé où je tourne et cuit mes pièces. Je travaille ponctuellement avec une tourneuse en Puisaye en fonction de la quantité des commandes mais je m’occupe toujours, moi-même, de l’émaillage : c’est ce qui donne ces contrastes de couleurs à une pièce.
Tes créations paraissent toutes uniques, comment fais-tu ?
En utilisant des émaux différents et en variant les techniques d’émaillages, chaque pièce devient effectivement singulière, bien que la forme reste toujours celle d’un cylindre. C’est toujours une surprise quand les pièces sortent du four, surtout quand j’utilise une superposition d’émaux car la magie se fait… par la cuisson !
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
J’aime beaucoup l’oeuvre de la plasticienne Louise Bourgeois qui a aussi travaillé la céramique et la poterie. Je suis obsédée par le marbre et – à terme – je compte proposer une collection en édition limitée qui mélangera le marbre avec le grès. J’adore par ailleurs le travail du duo Oeuffice, de Max Lamb ou encore d’Alexandre Echasseriau.
Tu soignes aussi beaucoup tes supports visuels, pourquoi ?
L’image et la vidéo sont omniprésentes dans mon projet de céramique parce que je suis une vraie cinéphile. J’ai naturellement l’envie de raconter des histoires autour de la céramique et donc, forcément, autour de la nature ou de la terre. Je veux exploiter tous les médiums qui me permettent d’exprimer ma créativité.
Quels sont tes autres projets ?
A court terme, une série de photos pour Saint-Sauveur, réalisées par mes copines Manon et Alma (nos amies aussi ndrl) du Studio L’Etiquette et une vidéo avec Rémi Ferrante. A plus long terme, je rêve d’avoir une boutique-atelier à Paris mais ma priorité est avant tout la construction de mon propre atelier à la campagne. Plus généralement, pourquoi pas quelques collaborations ? Dans tous les cas, continuer à travailler avec des gens créatifs et positifs. 2016 s’annonce super bien !
Saint-Sauveur Paris : Disponible à la Galerie-Maison – 66 rue Lhomond, Paris 5e.